Téléconsultation et maladies chroniques, où en sont les usages ?

Remboursée par l’Assurance Maladie depuis le 15 septembre 2018, la téléconsultation a-t-elle su trouver une place auprès des personnes touchées par une maladie chronique ? Quelques semaines après les annonces, qu’en est-il ? Est-elle réellement utilisée ? Enquête auprès du Chronic Panel, notre panel de malades chroniques.

 

Utilisation de la téléconsultation… une réalité ou encore une fiction ?

 

Penser suffisamment à l’avance au renouvellement de ses médicaments, attendre deux mois pour obtenir un rendez-vous chez son spécialiste, prendre rendez-vous en urgence chez son médecin généraliste… Être atteint d’une maladie chronique modifie le quotidien et nécessite souvent un suivi médical rapproché, obligeant à prévoir son emploi du temps, ce qui peut être très contraignant. La téléconsultation peut apparaître comme l’une des solutions amoindrissant les multiples contraintes rencontrées par les personnes atteintes d’une maladie chronique et favorisant la fluidité du parcours de soins.

L’enquête menée par B3TSI montre que :

– 8 % des personnes touchées par une maladie chronique ont déjà eu recours à la téléconsultation au cours des 12 derniers mois.

– 92 % n’en ont pas encore fait l’expérience :

  • 52 % car leur médecin ne leur a jamais proposé
  • 21 % ne savaient pas que la téléconsultation existait
  • 19 % car ils souhaitent voir leur médecin physiquement

 

Une pratique qui dépend de la fréquence de consultation du patient

 

En moyenne, les personnes ayant eu recours à la téléconsultation consultent leur médecin traitant 5,4 fois par an contre 4,6 pour ceux qui n’ont pas télé-consulté au cours des 12 derniers mois.

Dans la même logique, ceux qui télé-consultent ont consulté des spécialistes en moyenne 3,5 fois dans l’année contre 1,9 pour les autres.

Même constat chez les personnes ayant eu recours aux services d’urgence d’un hôpital ou d’une clinique : ils sont 30 % chez les personnes ayant déjà téléconsulté, contre 22 % chez les personnes n’ayant jamais fait appel à la téléconsultation.

 

Téléconsulter aujourd’hui : qui, comment, pourquoi ?

 

B3TSI s’est penché plus précisément sur les raisons pour lesquelles 8 % des répondants ont eu recours à la téléconsultation au cours des 12 derniers mois.

– 66 % ont consulté un médecin généraliste et 30 % un médecin spécialiste,

– 75 % ont effectué cette téléconsultation depuis leur domicile,

– 49 % des répondants déclarent que la téléconsultation était le seul moyen d’accéder au médecin en question,

– 39 % que c’était une situation d’urgence,

– 37 % que le rendez-vous physique était trop lointain,

– 20 % que leur médecin traitant était indisponible.

De plus :

– dans 71 % des cas, les patients ont effectué une téléconsultation pour éviter de se déplacer,

– 36 % pour éviter du stress,

– 30 % pour éviter le déplacement en VSL (véhicule sanitaire léger) ou en ambulance.

 

Téléconsulter, est-ce aussi bien que consulter ?

 

À l’issue de cette téléconsultation, 52 % ont obtenu une prescription sous ordonnance, 24 % se sont vu prescrire des examens complémentaires, 18 % ont eu besoin de se rendre au cabinet.

La téléconsultation ne se résume donc pas seulement, comme on pourrait le croire, à recevoir de simples conseils (17 %).

Enfin, du côté de la satisfaction du patient, 10 % sont davantage satisfaits par une téléconsultation que par une consultation classique et 63 % estiment que les deux systèmes sont tout aussi satisfaisants.

La téléconsultation facilite donc le quotidien de certains malades chroniques. Le système évite le déplacement et le stress procuré par une organisation contraignante et permet surtout un accès au soin facilité et un suivi médical bien plus simplifié. Pourtant, le dispositif est encore très peu utilisé par les malades chroniques, principaux concernés par l’organisation du système de santé. Et demain, qu’en sera-t-il ? Pour Alexis Bonis Charancle, directeur associé de B3TSI :

« le véritable élément de réponse sera connu en mai prochain, lors de la deuxième édition de ce baromètre, 8 mois après la mise en place du remboursement de la téléconsultation. Nous pourrons voir si les usages se développent réellement. Affaire à suivre donc… »

 

Enquête réalisée auprès du Chronic Panel par B3TSI, du 14 au 22 novembre 2018, 1427 répondants.